Visite du tunnel des Cliets

Le Conseil d’administration de l’ASQUAPRO s’est retrouvé, avant sa réunion du 3 juin, sur le site du chantier pour une visite du tunnel des Cliets.

La construction de ce tunnel a été rendue nécessaire suite à un effondrement massif en janvier 2019 : plus de 8000 m3 de roches ont bloqué l’une des têtes du tunnel existant. De gros blocs étaient impossibles à évacuer sans réactiver l’éboulement… Ce tunnel est situé sur la RD 1212 dans les gorges de l’Arly, sous maîtrise d’ouvrage du Département de la Savoie.

Un nouveau tunnel, d’une longueur de 240 m, a donc été étudié. Ses travaux de construction ont démarré en octobre 2020 ; ils ont été confiés au groupement d’entreprises CAMPENON BERNARD CENTE EST – DODIN CAMPENON BERNARD – SOLETANCHE BACHY TUNNELS, sous maîtrise d’œuvre INGEROP GEOS ANTHEAGROUP.

Le creusement a été réalisé par méthode conventionnelle. Des difficultés sur les chantiers jouxtant le futur tunnel dans les zones de têtes ont retardé le démarrage et la fin du creusement. Les contraintes de délai restent extrêmement fortes, avec une ouverture attendue, et effective, le 18 juin 2021.

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En termes de béton projeté, ce tunnel est une première puisque son revêtement définitif est en béton projeté renforcé de fibres métalliques, avec un dimensionnement prenant en compte les performances de résistance en flexion apportées par les fibres. La justification de l’ouvrage est établie en utilisant les préconisations du Model code 2010.

Ce tunnel est également innovant par le procédé d’étanchéité mis en œuvre, essentiellement basé sur un SEPC, Système d’Etanchéité Projeté Confiné. Il s’agit une étanchéité de type « sandwich », assurant un contact parfait et une adhérence entre le béton de soutènement provisoire d’un côté et le béton de revêtement définitif de l’autre. Les retours d’expérience sur le niveau d’adhérence n’étant pas encore disponibles à long terme, cette propriété n’est pas prise en compte dans le dimensionnement. La mise en œuvre d’un SEPC impose une préparation très exigeante du support puisque ce dernier peut être humide mais non ruisselant.

Dans cet ouvrage où les venues d’eau ont été beaucoup plus importantes que prévues, avec des débits atteignant jusqu’à 75 m3/heure et des centaines de goutte-à-goutte dans certaines zones, il a été décidé de recourir à une étanchéité traditionnelle par géomembrane synthétique (DEG-S) pour deux tronçons. Ces zones ont été armées par des cintres réticulés et des treillis soudés. La difficulté réside dans la projection du béton à travers le treillis. Une exigence forte pour la pose du DEG-S est le respect d’une densité de fixations suffisante pour éviter tout flottement de la membrane pouvant créer des chutes de béton lors de sa projection. L’enjeu est le respect de l’épaisseur de béton prise en compte pour la justification, ainsi que l’absence de vides à l’arrière du treillis.

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Le recouvrement du béton projeté de soutènement provisoire par l’étanchéité projetée nécessite un soin particulier, mais sans grande difficulté, pour assurer notamment la planéité de cette zone. Le rendement en régime est de l’ordre de 1 000 m² pour une application en 2 couches d’une épaisseur de 4 à 5 mm, en un poste avec 3 hommes (Cadence moyenne du BP de soutènement définitif = 30 m3/ poste de 8h et 3 hommes).

Ce chantier innovant suit les grandes lignes des recommandations conjointes de l’ASQUAPRO et du GT6 de l’AFTES (à paraître en septembre 2021). Grâce à l’implication du Département de la Savoie et de sa maîtrise d’œuvre (Ingérop – Geos – Anteagroup), ce tunnel fera partie des retours d’expérience en cours au sein du groupe de travail sur les bétons projetés de l’Association Internationale des tunnels et de l’espace souterrain (AITES).

Bastien Ricard